Transat Handi valide Canaries

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Transat Handi valide Canaries
Des nouvelles de nos amis en route pour Lanzarotte aux canaries

Mémoires d’un mousse : l’escale à Madère et la traversée de Funchal à Lanzarote.

La veille de nuit sur le pont d’un voilier de croisière est un moment de solitude magique.

Brigitte a quitté le cockpit pour rejoindre sa couchette, Daniel et Bruno se reposent dans l’attente de leur quart respectif.

Olyan trace sa route vent de travers à vive allure; le pilote électrique assume sa tâche sans défaillir.

La houle chahute un peu le bateau et, de temps à autre, une vague plus abrupte claque sèchement sur le flanc du bateau aspergeant d’embruns l’arrière de notre refuge.

Abrité par la capote, confortablement installé sous le vent, adossé au roof, les jambes au repos sur le coussin d’assise, je laisse vagabonder mes pensées au fil des balancements un peu rudes du bateau.

La lune, qui nous avait abandonné entre La Corogne et Funchal, brille à nouveau laissant scintiller la crête pâle des vagues. Quelques nuages opaques découpent leur forme en ombres chinoises sur notre ciel vaporeux, saupoudré de mille étoiles.

La vigilance est de mise et je reste attentif aux alarmes des instruments annonçant la proximité de navires ou alertant sur la charge des batteries. De temps à autre, je consulte les répétiteurs de pont et parcourt des yeux la nuit pour déceler une lumière éventuelle.

Le temps s’écoule sans que je le perçoive; il est une heure du matin, c’est maintenant à Bruno de prendre la relève.

Les feux d’un navire apparaissent et grossissent rapidement sur notre tribord avant. Nos routes sont concourantes. Nous progressons à plus de 7 noeuds et lui, nous le voyons sur le traceur de route, à 15 nœuds. Notre rencontre s’annonce de plus en plus proche. Après une brève concertation, nous décidons de dérouter Olyan ; Bruno abat de 40 degrés et notre étrave pointe très en arrière de la poupe du cargo.

De longues minutes plus tard, nous le voyons défiler sur notre avant et s’éloigner à bâbord : le danger est écarté. Nous reprenons notre route, je m’engouffre dans la descente et, quelques instants plus tard, plonge dans ma couchette.

A mon réveil, le jour levé, au terme des quarts de Bruno et de Daniel, nous serons à proximité de Lanzarote, notre but, après deux jours de navigation.

L’escale de six jours à Funchal nous a permis de découvrir une partie des charmes de Madère.

Depuis notre départ, lorsque nous sommes dans un port, les matinées sont le plus souvent consacrées aux petits ouvrages d’entretien ou d’amélioration d’Olyan : installation d’une ligne de vie dans le cockpit, mise en place de palans de levage pour l’annexe gonflable, amélioration de l’étanchéité des panneaux de pont, déplacement du support de canne à pêche sur le tableau arrière, travaux électriques et bien d’autres tâches.

Madère, rapidement, nous incite à enfreindre cette règle et, après avoir arpenté Funchal, découvert son élégance et le charme des ruelles de la vieille ville, après nous être imprégnés de la douceur qui en émane, monte en nous l’envie d’explorer le reste de l’île.

Nos déambulations dans la ville nous ont permis d’admirer la magnifique Praça do Municipio dallée de basalte, le marché couvert dos Lavradores aux somptueux étalages de fruits multicolores, le fort Jaune de Sao Tiago que l’on dirait échappé d’un dessin animé, l’élégante chapelle immaculée de Corpo Santo, la Cathédrale, l’étroite rue de Santa Maria encombrée par les tables des dizaines de restaurants qui la bordent, et bien d’autres endroits, telle l’esplanade majestueuse qui longe le bord de mer.

Quant au port, il est le théâtre d’un incessant ballet de gigantesques immeubles de croisières.

Mais aujourd’hui, nous avons quitté Funchal avec, comme chauffeur, Brigitte à qui nous confions nos vie pour deux jours sur les routes tortueuses de Madère.

Nous partons à l’assaut du cœur de l’île et, après mille méandres ponctués d’arrêts photographiques, nous atteignons Eira do Serrado au sommet d’un des nombreux pics à la végétation généreuse qui surplombent le village de Curral das Freiras perdu au creux d’un cratère posé sur le fond d’un vertigineux contrebas.

A travers de jolis villages et quelques sites majestueux tel la Penha d’Aguia, rocher de six cent mètres de haut qui domine de sa masse imposante le petit village de Faial, la traversée de Madère vers le nord-est nous amène jusqu’à Santana, réputé pour ses maisons traditionnelles au toit de chaume. Elles sont peu nombreuses, parfois très artificielles, et nous serions restés sur notre faim si nous ne l’avions pas assouvie dans un petit restaurant au décor peu élégant mais à la cuisine tout à fait acceptable.

Repus, nous filons vers la Ponta de Sao Lourenço à l’extrême est de l’île. Cette langue de terre pelée qui, de plus en plus mince, s’étire dans l’eau à la rencontre des Islas Deserticas nous offre un décor majestueux.

A pied, nous parcourons longuement cette pointe, admirant les magnifiques scènes qui se dévoilent à nous au fil de la promenade.

Le lendemain, toujours entre les mains de Brigitte, nous prenons la route vers le sud-ouest. Le chemin du bord de mer est presque aussi ardu que celui emprunté la veille, alternant lacets serrés et tunnels sans fin.

Nous découvrons le joli port de Camara de Lobos enchâssé au creux d’une anse presque circulaire, surplombé par des cultures de bananiers verdoyants.

De superbes panoramas émaillent notre trajet. Nous admirons en particulier l’impressionnante falaise ocre du Cabo Girao qui, du haut de ses six cents mètres, dresse sa masse énorme en surplomb de l’océan.

A Calheta, une halte se transforme en promenade le long de la marina et de la plage; l’appétit vient en marchant et nous échouons dans un sympathique restaurant perché au-dessus de l’eau.

Restaurés, nous poursuivons notre périple jusqu’à Paul do Mar; nos flânons un long moment le long du remblai et dans le village avant de prendre le chemin du retour vers Funchal.

La capitainerie de la marina ferme le samedi et le dimanche ; nous devrons donc attendre lundi pour reprendre la mer.

Cette petite contrariété nous laisse le temps d’autres découvertes.

C’est l’occasion de prendre le téléphérique jusqu’au Jardin Exotique ; au fil de l’ascension, nous savourons la splendide vue aérienne de la ville et du port.

La visite du jardin, malgré un temps un peu maussade, nous ravit tellement la végétation y est luxuriante et variée ; seul petit regret, ne pas s’y trouver au printemps lors de l’explosion de la floraison.

Pour cette dernière journée à Madère, Daniel nous a concocté le point d’orgue de notre séjour : la descente en Carros, du sommet du Monte où nous nous trouvons jusqu’à la ville, à ses pieds. C’est une nacelle en osier, destinée à recevoir deux personnes, fixée sur deux patins en bois qui constitue le Carro. Deux hommes en tenue blanche traditionnelle le mènent sur le bitume des rues en pente, à une vitesse inquiétante, modifiant la trajectoire de la luge en freinant d’un côté ou l’autre de leurs chaussures semelées d’un morceau de pneu ; les sensations sont garanties.

Ainsi s’achève notre belle escale à Madère.

Nous n’avons cependant pas oublié l’ADEPA (l’association de défense et d’étude des personnes amputées) qui nous parraine et, sur le mur de la jetée de la marina, parmi de nombreux autres tags laissés par les bateaux de passage, nous avons dessiné le nôtre : un superbe Valentin, réplique fidèle de la mascotte de l’association.

Un incident qui aurait pu se révéler dramatique a cependant entaché notre séjour : lors de la mise sous pression par Daniel du dessalinisateur, ce dernier a explosé projetant des éclats dans tout l’habitacle.

Notre skipper en sort heureusement indemne et, après négociation, il obtient que les pièces de remplacement soient expédiées à son intention à la capitainerie d’Areciffe à Lanzarote.

Le lundi 15 novembre, à midi, nous quittions Madère pour rejoindre Lanzarote aux Canaries.

A la sortie du port, le vent nous surprend par sa vigueur et la mer un peu hachée nous chahute sans grand ménagement ; quelques vagues un peu plus nerveuses éclaboussent le cockpit.

Grand-voile partiellement arisée, génois entièrement déroulé, nous marchons à plus de 7 nœuds ; si la brise ne mollit pas et se maintient au nord-est, notre traversée sera courte.

Le second jour, Daniel envoie toute la grand-voile et Olyan, fringant, poursuit à vive allure.

Il est 9 heures, mercredi 17 novembre, nous nous amarrons au ponton d’accueil de la Marina Rubicon à Lanzarote.

Nous avons parcouru 290 milles en 41 heures : plus de 7 nœuds de moyenne sur le fond.

Bravo l’équipe Adepa !

 

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